Suite de notre dévoilitude (oui, dévoilitude, j’assume parfaitement ce néologisme) des meilleurs albums de 2013. Avec, maintenant, un peu de techno minimale signée Marcel Dettmann.
Mes oreilles saignent, tel un geyser islandais sur le réveil, à chaque fois qu’on me balance que des branquignoles du genre Afrojack ou David Guetta font « de la techno ». « De la techno » que, par conséquent, j’ai (soit) envie de leur jouer pour de vrai (soit) envie de leur balancer ma main à la gueule et partir comme une diva du lieu du crime.
Marcel Dettmann, oui, fait « de la techno ». Genre, en vrai. Même, il balance « de la techno », il fait l’amour « à la techno » et il emmerde bien profond Afrojack avec ses 128 bpm de cheese music encore plus nauséabonde que du fromage suédois. Et de la techno plutôt méchante : résident ad vitam aeternam du légendaire club berlinois Berghain, il n’a jamais eu rien à carrer des compilations « F** Me Mais Non Tu Es Trop Moche Même Si Famous Vite Fait ». « Dettmann II », son huitième album (rhô, ça va, j’ai le droit de faire des blagues), donc son deuxième opus à titre perso, est moins claustrophobe que le précédent « Dettmann » : il suit en ça une vague malheureusement ininterrompue de ralentissement de la techno, loin des 138 bpm bien crades d’il y a encore dix ans et à des éternités de la hard trance des années 90.
Ce serait commode, évidemment, de pondre des discours genre « Bouh mais elle est où la mélodie ? » (ne pas répondre DTC, ne pas répondre), « C’est tout le temps la même chose » (et Christophe Maé tu crois que c’est quoi bordel ?) et « C’est répétitif quand même nan ? » (parce que Lady GaGa qui pond les mêmes séquences BPM sur trois albums de suite c’est super différenciant). L’univers de Dettmann, moins crade qu’avant mais toujours aussi moite, s’adapte à la fois aux raves endiablées (et aux rêves endiablés, tu peux faire la comparaison) qu’aux trips solitaires de chambres à coucher. Parfois minimal (dans « Outback »), quelquefois rétro (sur « Soar »), souvent autoroutier (« Throb » et « Ductil » entre autres), l’über-techno du seigneur Dettmann garde une bonne longueur d’avance sur ses contemporains.
> #01 : Boards of Canada – Tomorrow’s Harvest.
> #02 : Sebastian Plano – Impetus.
> #04 : Lubomyr Melnyk – Corollaries.
> #05 : Aufgang – Istiklaliya.
> #06 : Greg Haines – Where We Were.
> #07 : Eluvium – Nightmare Ending.
> #08 : Ludovico Einaudi – In A Time Lapse.
> #12 : Woodkid – The Golden Age.
> #13 : Goldfrapp – Tales of Us.
> #15 : Arcade Fire – Reflektor.
> #16 : M83 – Les Rencontres d’après Minuit (OST).
> #17 : Bibio – Silver Wilkinson.
> #18 : Jóhann Jóhannsson – Prisoners (OST).
> #19 : Marcel Dettmann – Dettmann II.
> #20 : Benoît Pioulard – Hymnal.
> Retrouvez la liste des meilleurs albums de 2012, de 2011 et même de 2010.